Humilité, solidarité… et espoir !

Lundi soir, le Président de la République a donc parlé. On nous dit que 37 millions de citoyens-spectateurs ont écouté. C’est dire si l’attente était forte pour espérer obtenir des réponses aux multiples questions qui se posent.

Comment en est-on arrivé là ? Comment et quand va-t-on en sortir ? Comment les pays industrialisés du monde, dit "développé", qui se vivaient comme protégés des évènements les plus graves de la planète, connaissent-ils une telle catastrophe sanitaire. Comment ces mêmes puissances peuvent-elles être atteintes avec des conséquences économiques, financières et sociales d’une force destructrice insoupçonnée ?

Dans son intervention télévisée, Emmanuel Macron avait heureusement délaissé son kaki guerrier pour tenter d’apaiser, en ayant notamment des mots pour tous ceux qui sont en première ligne. Mais il y a eu beaucoup de verbiage (voir ICI l’allocution revue, corrigé et simplifiée, proposé par un journaliste de l'hebdomadaire Marianne).

En réalité, la date du 11 mai a été, le seul point précis de l’intervention. C’était sans doute nécessaire pour que chacun puisse commencer à se projeter dans l’après. Néanmoins, le nombre de questions non réglées sème plus de doutes que de certitudes. Personne ne sait aujourd’hui précisément en quoi consistera ce 11 mai, ni pour les écoles, les malades, les plus anciens, les précaires, les salariés, les commerces, les entreprises. Qu’en sera-t-il aussi pour le nombre de masques, de blouses, de gels, de tests et leurs modalités d’utilisation. Les choix politiques des dernières décennies, les mensonges d’État, les normes qui organisent la société sont aujourd’hui interrogés. Des certitudes tombent, de nouveaux partis pris s’affirment.

Un mot aussi sur l’annonce de la « reprise progressive » des écoles. M. Macron a mis (fort justement) en avant les inégalités actuelles qui touchent les enfants des classes moyennes et populaires. Mais chacun a bien compris, qu’il répond surtout à une injonction des milieux patronaux pour permettre aux parents de regagner au plus vite leurs postes de travail. On prête à Lénine qui avait su, lui aussi, faire sa Révolution de 17, puis "se réinventer lui-même" une fois le pouvoir conquis, d’avoir pensé que "la confiance n’exclut pas le contrôle." S’il faut accorder par principe un minimum de confiance dans ces temps difficiles à ceux qui nous gouvernement, un contrôle préalable à cette reprise scolaire, dans ses modalités très précises est une nécessité pour assurer son fonctionnement sans faille. Et pour rassurer et protéger les enfants, les parents comme les personnels.

Et puis on sent monter en puissance ces appels récurrents à "l’union nationale". Oui nous devons être tous mobilisé et même discipliné pour vaincre le virus. Mais rien ne doit pouvoir empêcher le débat et la transparence sur les urgences à résoudre et les choix à opérer pour espérer des "jours (plus) heureux". Et cela vaut en premier lieu pour le gouvernement, mais cela vaut aussi pour tous les dirigeants à tous les niveaux. Sous prétexte que l’état d’urgence sanitaire leur confère TOUS les pouvoirs, du fait, entre autres, de l’impossibilité de réunir les assemblées dites représentatives, les chefs d’exécutifs (maires, présidents de départements et régions) ont pris, pour la plupart, la fâcheuse tendance de "jouer" perso. C’est à qui se fera photographier avec le plus de masques récupérés… Par contre, bien souvent, c’est l’opacité qui règne sur la manière dont est assurée la nécessaire continuité du service public en période de confinement…

Heureusement, un peu partout, des solidarités de proximité s’affirment spontanément. Sans aucun cadre institutionnel, de nouvelles relations d’entraide et de voisinage s’organisent de manière individuelle ou collective, sans qu’elles soient forcément médiatisée. Comme pour les applaudissements du 20h, chacun y prend sa part, avec simplicité et humilité. Que ce soit pour confectionner des masques, distribuer des visières, faire des dessins pour les plus anciens, prendre des nouvelles, faire les courses, dépanner, être attentif... La situation du confinement bouscule bien des usages et peut même créer parfois de nouveaux liens. L’après commence aussi aujourd’hui. Il faut construire des ponts et des contenus fédérateurs.

Comme chacun il m’arrive aussi parfois de tourner un peu en rond, tout en restant actif, réactif et disponible. Je tâtonne, je dois régler au mieux mon quotidien, avec ma famille et mes proches, tout en participant humblement à différentes petites actions de bienveillance et de solidarité. Mais cela n’empêche pas aussi de m’interroger gravement sur quoi pourra être fait demain. Haut les cœurs, il va bien falloir s’en sortir !

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