Conseil municipal du 21 octobre 2025 : Centre commercial du Bois des Roches, "la pente est forte", mais la route est-elle droite ?

Nous avons reçu le 15 octobre à 10h56 la convocation pour cette séance du Conseil municipal, 2 minutes avant la publication sur les réseaux sociaux d’une courte vidéo du maire, annonçant la "bonne nouvelle d’une première étape vers la réouverture d’un supermarché".

Un seul point était donc inscrit à l’ordre du jour de cette réunion qui a commencé exceptionnellement à 9h du matin : Acquisition de locaux au sein du centre commercial Grand Bois auprès des sociétés Immobilière Groupe Casino, PRAXIDICE ET DHOKKO.

La brève note explicative pour permettre au Conseil municipal de voter la délibération indiquait :

« Les difficultés du Groupe Casino l’ont conduit à vendre en 2024 l’ensemble de ses super et hypermarchés en France. Faute d’un accord avec un repreneur à cette époque, celui de Saint-Michel-sur-Orge a fermé ses portes le 30 septembre 2024. Dès lors le groupe Casino nous a fait part de sa volonté de se désinvestir du centre commercial Grand Bois.

Des négociations ont abouti début octobre à la signature d’une promesse de vente avec un repreneur pour la surface haute de l’hypermarché afin d’y rouvrir un supermarché.

De son côté, dans le cadre du programme Action Cœur de Ville, la commune a déployé une stratégie d’intervention foncière, avec la volonté de redynamiser le centre commercial Grand Bois – lequel fait l’objet de difficultés importantes et multifactorielles – et ses abords.

Afin d’être en mesure d’imposer les choix qui préservent les intérêts de la commune dans la restructuration du centre commercial Grand Bois, la ville doit maîtriser une part importante de ce foncier, notamment les lots de copropriété du syndicat secondaire A.

Il est donc proposé au conseil municipal d’approuver l’acquisition pour un montant d’un euro (1 €), hors droits et charges, les lots suivants appartenant à CASINO IMMOBILIER et ses filiales. »

Après quelques minutes de réglage des micros défaillants, la maire a précisé notamment que cette acquisition est "un choix en responsabilité" et que c’est "la condition" pour la réouverture d’un supermarché. Casino veut vendre l’ensemble de son patrimoine, la Société Foncière Paris Languedoc (SFPL) achète la partie haute de l’hypermarché et la ville devient propriétaire de tout le reste : la partie basse, les locaux de la galerie marchande et à l’étage autour de l’ex halte-garderie. La maire a une nouvelle fois indiqué qu’elle n’était pas responsable de la situation de la copropriété (ce que personne lui reproche). Par contre, elle accuse toujours l’opposition de "mensonges" et de "manipulations", sans jamais mentionner sur quoi nous mentons. Elle a rappelé les actions conduites et en cours au niveau des abords du centre commercial, place Püttlingen, rue Berlioz et place Marcel Carné. Concernant la reprise par Intermarché, elle a indiqué que "rien n’est signé à ce stade", que "les discussions continuent avec la SFPL" et que l’installation "d’une autre enseigne est possible" et qu’il "faut remettre les choses aux normes".

Vous trouverez ci-dessous l’intervention de ma collègue Fatima Khobeizi, au nom du groupe Saint-Michel en Commun.

« Ce matin, nous sommes invités à délibérer pour ce qui nous est présenté comme une bonne nouvelle : pour un euro symbolique, la ville va acquérir 10 867 m² de locaux appartenant à Casino immobilier et ses filiales PRAXIDICE et DHOKKO. Au total, ces lots sont estimés, selon l’avis des Domaines à 1 120 500 €.

Il est essentiel pour notre groupe de bien comprendre tout le mécanisme des négociations engagées depuis plus d’un an. Derrière cette acquisition de nombreuses questions se posent. Il vous appartient d’apporter des réponses précises pour la bonne information de l’ensemble de nos concitoyens.

1/ Quelles sont les raisons qui conduisent Casino Immobilier et ses filiales à nous faire ce cadeau à 1€, alors que le groupe Casino est fortement endetté ?

2/ Depuis 5 ans, la ville a acheté beaucoup de locaux inoccupés ou dégradés dans la galerie marchande.

- En décembre 2020, la commune a acquis pour 80 000 € l’ancienne boulangerie Desjardins, un local de 420 m².

- En septembre 2024, la municipalité a déboursé 1 100 000 € pour acheter, auprès de la Société Foncière Paris Languedoc, un ensemble de 1 600 m² de friches commerciales accompagné de 2 500 m² de surface de stationnement.

- En juin 2025, la ville a acquis pour 40 000 € les 109 m² de locaux ayant autrefois accueilli l’agence de la Société Générale.

- En septembre 2025, nous avons délibéré sur l’achat pour 48 000 € de 157 m² des locaux de la boutique "Les Opticiens Conseils".

- Deux nouvelles acquisitions sont également en cours à la suite de vos décisions récentes de recourir au droit de préemption : d’une part, le 3 octobre 2025, pour 124 000 €, les 124 m² d’un local délabré abandonné par La Poste en décembre dernier ;  d’autre part, le 8 octobre 2025, pour 94 500 €, les 42 m² du salon de coiffure encore en activité situé place de Püttlingen.

Au total : près d’1,5 million d’euros d’achats en cinq ans.

Comment expliquez-vous cette variation de prix qui a permis d’acheter 4 952 m² à 1 486 500 € et aujourd’hui obtenir 10 867 m² à 1 € symbolique ? Et surtout, quelle est la stratégie globale de la Ville sur ce centre commercial ?

3/ La ville se retrouve avec un patrimoine conséquent au sein de la copropriété du syndicat secondaire A et du syndicat secondaire du parking Milhaud de la copropriété du Bois des Roches.

- Peut-on connaître le nombre de tantièmes que la ville va ainsi posséder sur les 113 750 tantièmes de l’ensemble de la copropriété ?

- Est-ce que la ville va poursuivre (et à quel montant) la location des lots 4120 et 4127 loué à l’étage à la pharmacie principale du Bois des Roches, du lot 65 loué au rez-de-chaussée à la pharmacie Hamani et du lot 55 partiellement loué au cordonnier ELSA SERVICE ?

- Peut-on savoir si des offres d’acquisition ou des décisions de préemption auprès des autres petits copropriétaires de cellules sont en cours ? Si oui, sur quels lots et à quels prix ?

- Quels seront les projections de charges globales à envisager ?

4/ Lors des dernières assemblées générales de la copropriété, il a été fait état de divers contentieux toujours en cours, d’une dette de plus de 2,7 millions d’€, de travaux d’entretien et de sécurité urgents au niveau de la galerie marchande.

Quelles vont être les principales orientations et actions de la ville, désormais principal copropriétaire de l’ensemble immobilier, pour assainir la situation ?

5/ La stratégie de restructuration soulève plusieurs interrogations : des études conduites par la Société Publique des Territoires de l’Essonne dans le cadre du mandat portant sur la revitalisation du centre commercial, ont été engagées en novembre 2019 et prolongées par un avenant en 2021 pour une rémunération totale de 102 300 euros.

  • Seront-elles rendues publiques et utilisées ?
  • Est-ce que d’autres études seront nécessaires ?
  • Quels sont les objectifs poursuivis dans ce cadre ?

6/ "L’enseigne Intermarché est pressentie" pour commercialiser le niveau haut de l’ancien supermarché dont le groupe Casino vient de signer une promesse de vente à la Société Foncière Paris Languedoc.

- Connaissez-vous l’avis des Domaines sur l’évaluation de ce bien ?

- Savez-vous quel est le montant de la transaction ?

Une dernière question et un point supplémentaire de vigilance :

- Les parkings du centre commercial sont la propriété de la SFPL, des travaux de consolidation et de sécurisation pour "la remise en état d’usage" ont été estimés à 681 797,10 € HT.

La copropriété va-t-elle être sollicitée pour participer au financement avec un nouveau bail pour l’utilisation par l’ensemble des copropriétaires du centre commercial ?

Conclusion : Au regard des enjeux financiers, juridiques et stratégiques soulevés par ce dossier complexe et afin qu’une opportunité ne se transforme pas en charge durable pour notre commune et ses habitants, notre groupe attend davantage de transparence et des réponses claires à ces interrogations ».

Dans sa réponse décousue et assez confuse, la maire a éludé la plupart des questions en affirmant que nous disions "tout et son contraire" et que nous étions "déconnectés" de la vie des gens. Elle a juste précisé que le poids de la ville dans la copropriété du centre commercial allait passer de 12,18% à 47,80 % et que le projet d’aménagement du centre commercial ferait l’objet d’échanges avec la population. Assurant qu’il "y a un projet", la maire a repris, à l’envers, la citation de l’ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin pour indiquer que "la pente est forte, mais la ligne est droite" !

J’ai ensuite pris la parole pour préciser plusieurs aspects du dossier :

- Si l’opposition ment et calomnie, la maire a la possibilité de saisir la justice. Ce qu’elle ne fait pas !

- Les élu-e-s d’opposition ne sont pas hors sol. Nous rencontrons, nous aussi, régulièrement les habitants, et sans filtrage, contrairement à ceux qui sont tirés au sort pour discuter en vase clos avec les élu-e-s de la majorité.

- Lors de la cérémonie des vœux en janvier 2025, la maire déclarait que sur le dossier du centre commercial "la confiance n’exclut pas la prudence", c’est pourquoi notre groupe reste prudent et a besoin d’éclaircissements sur le processus engagé.

- Les procédures concernant la préemption par la ville de deux locaux, mentionnées par Fatima Khobeizi, ont bien été lancées à travers des décisions signées du maire. Reste uniquement à confirmer le prix final de ces acquisitions par la ville.

- Nous réclamons toujours la publication des études menées depuis 10 ans sur la redynamisation du centre commercial, les perspectives et les coûts.

- Nous nous interrogeons sur l’entretien et la sécurisation des parkings appartenant à la SFPL, faute d’un accord lors de la dernière AG le 6 août pour sa remise en état. La maire a alors indiqué que Casino allait participer à ces travaux à hauteur de 216 000 €.

- Il apparaît clairement que c’est l’argent des Saint-Michellois (1,1 millions versés par la ville pour l’achat de la friche aux abords de la place Marcel Carné) qui permet à la SFPL d’acheter la partie haute de l’Hypermarché.

- Avec les acquisitions de tous ces locaux vides, la ville va supporter des charges de copropriétés plus importantes. De 264 000 € payés en 2024, j’ai évalué entre 500 000 et 700 000 € par an, les charges que vont devoir supporter les contribuables Saint-Michellois. L’une des adjointe au maire a reconnu que cette estimation était crédible !

- Aucune précision n’a été apportée sur la reconduction des baux en cours pour les locaux des deux pharmacies et du cordonnier, dont la ville est désormais propriétaire.

- Renvoyer à des "échanges" avec les habitants "le projet qui va suivre", car selon Mme Menicacci-Ferrain, adjointe au maire, "on ne sait pas exactement ce qu’on va faire", est assez paradoxal pour une majorité qui se vante "de mener un travail de longue haleine. et d’anticiper".

- Enfin, concernant l’annonce de l’arrivée d’Intermarché, et une réouverture en septembre 2026, il convient d’être prudent. Moins de deux ans après le rachat de 294 magasins Casino, Intermarché a fermé au printemps dernier 27 points de vente, jugés non rentables ou difficiles à exploiter durablement. La maire nous avait confié lors de son discours des vœux en janvier 2025 avoir "découvert que le monde de la grande distribution était impitoyable". Visiblement elle n’en mesure pas toutes les conséquences.

Les deux groupes d'opposition se sont donc abstenus sur le vote de la délibération.

Cette séance, dite "extraordinaire", du Conseil municipal s’inscrit clairement dans une opération de communication dans la perspective des élections municipales. La maire a martelé plusieurs fois des éléments de langage que nous allons retrouver tout au long de la campagne électorale. L’un des slogans sera sûrement "Nous sommes au rendez-vous !". Un rendez-vous, très coûteux pour les Saint-Michellois, avec encore beaucoup d’éléments inconnus. A suivre…

Facebook