En grève le 5 décembre pour refuser la retraite par point

Malgré la propagande d’Emmanuel Macron, le système de retraite par point n’est pas plus juste que le système actuel dit par répartition. Il est surtout souhaité par les Libéraux pour baisser les retraites et il fragilise les retraités qui ne seront pas assurés du niveau de leur retraite dans la durée.

C’est une vieille revendication du MEDEF et d’ailleurs François Fillon, déjà sollicité sur ce point en mars 2016 par le patronat avait bien expliciter l’objectif : « la retraite par point, j’y suis favorable, mais il ne faut pas croire que cela va régler le problème des retraites. Le système par point permet une chose qu’aucun politique ne veut avouer c’est de baisser chaque année la valeur des points et donc de diminuer le niveau des pensions. »

Ce système de la retraite par points est un système où le montant de votre pension dépend chaque année, de l’évolution nationale de l’espérance de vie et des salaires. Donc c’est un système qui précarise et fragilise.

Le régime de retraite à points envisagé par Emmanuel Macron est un système dans lequel les cotisations retraites versées par les salariés au cours de leur carrière sont converties en points sur un compte individuel fictif. Au moment où le compte est liquidé, c’est-à-dire lors du départ en retraite, une valeur est donnée au point, ce qui permet de calculer la pension de retraite que va percevoir le nouveau retraité. Or, ce calcul de la valeur du point est réactualisé chaque année et dépend, dans les pays où de tels systèmes ont été mis en place (Suède notamment), de l’espérance de vie de la génération à laquelle appartient le salarié et de l’évolution de la masse salariale du pays au cours de la carrière du nouveau retraité. Dans ces conditions, le futur retraité n’est plus en mesure de connaître le montant de sa future pension, celui-ci pouvant être ajusté à la baisse.

Vous saurez combien vous cotisez, mais vous ne saurez jamais combien vous toucherez. C’en sera fini d’un contrat social explicite fondé sur un système à prestation défini, c’est-à-dire un niveau de revenu garanti aux futurs retraités en fonction de leurs revenus passés. C’est extrêmement anxiogène et incertain. Alors même que la finalité de notre système actuel est d’assurer au retraité un niveau de vie qui se situe dans un rapport raisonnable avec celui qu’il avait auparavant en activité, tout en limitant les excès par des mécanismes redistributifs. Là plus rien de tout cela.

La réforme engagée par le gouvernement prévoit de bloquer les dépenses de retraites à 14% du PIB et donc la valeur du point sera automatiquement tirée à la baisse car le nombre de retraités va augmenter de façon assez importante et plus vite – en tout cas dans les prévisions actuelles – que l’évolution du PIB.

Elle s’inscrit dans le cadre des recommandations de l’Union européenne de baisse de la dépense publique. En effet, dans ce type de régime de retraite, le réajustement annuel de la valeur du point permet de garantir chaque année l’équilibre budgétaire du dispositif. Une baisse du total des cotisations perçues, suite par exemple à une forte augmentation du chômage comme celle que nous avons connue ces dix dernières années, se traduit automatiquement par une baisse des pensions.

Pour garantir que cette contrainte sera respectée, des critères techniques de calcul du point sera établi qui fixera automatiquement son évolution en fonction de paramètres stricts, intangibles. Le caractère antidémocratique d’un tel dispositif doit aussi être souligné. Alors que dans le dispositif actuel, une réforme des paramètres de calcul nécessite une loi qui est débattue au Parlement, le système à points permet, du fait de ce réajustement automatique, de s’affranchir de cette délibération démocratique. C’est « la règle d’or » appliquée aux retraites.

Une augmentation masquée de l’âge de départ à la retraite.

Emmanuel Macron a insisté à plusieurs reprises sur le fait qu’il ne toucherait pas à l’âge de départ à la retraite, celui-ci restant fixé à 62 ans. Comme très souvent, cet engagement est une entourloupe. Car, si les Français pourront en théorie toujours partir à la retraite à 62 ans, en réalité le niveau de leur retraite ne leur permettra pas. Dans le système de la retraite par point, le montant de la pension ne dépendra que du nombre de points acquis au cours de la carrière et de la valeur du point au moment de la liquidation, et il n’y aura plus d’âge de départ à taux plein. Il est donc fort à parier qu’à 62 ans les points acquis ne garantissent pas une retraite correcte. D’autant que la valeur du point sera probablement calculée au regard de la volonté du gouvernement de pousser à travailler plus longtemps. C’est encore plus vrai avec la proposition de Monsieur Delevoye de fixer un âge pivot (qui évoluera avec l’accroissement de la durée de vie) à 64 ans et donc qui mettra un malus pour ceux qui partiront avant !

Pour disposer d’une pension d’un niveau suffisant, seul le surcroît de cotisations versées durant ces années de travail supplémentaires permettra de compenser la baisse de la valeur du point. C’est ce qui se passe en Suède où l’âge moyen de départ à la retraite atteint déjà 65 ans. On ajoutera de plus, que les nombreux salariés licenciés avant 60 ans (l’âge moyen de cessation d’activité en France est de 60,2 ans) n’auront quant à eux pas d’autre choix que de subir une grave diminution de leur pension de retraite.

Avec la baisse du niveau des pensions assurées par le système dit « universel » de retraites, la porte est grande ouverte pour le développement des retraites complémentaires par capitalisation (pour ceux qui le pourront).  D’ailleurs, l’Italie et la Suède qui ont adopté un tel régime de retraites par points ont toutes les deux adossé à ce nouveau régime un système de retraite par capitalisation, retraite par capitalisation dont l’OCDE encourageait le développement dans un récent rapport.

Enfin, la philosophie même de cette réforme tend une fois de plus à une individualisation de toutes les interventions sociales et publiques au détriment d’une solidarité plus large, plus collective. Cette individualisation des situations contribue à un émiettement social, à la mise en concurrence, en comparaison permanente des citoyens les uns par rapport aux autres. C’est une toute autre vision que celle que nous défendons de notre République, une République sociale et solidaire. Souvenons-nous de cette phrase de Mme Thatcher : « There’s no such thing as society » ou « La société n’existe pas ». Pour elle, seuls existent des individus. On sait ce que cela donne.

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